Perceptions et pratiques vis-à-vis de la vaccination chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes en France

Problématique : 

La vaccination fait partie des moyens de prévention de certaines infections sexuellement transmissibles proposés aux hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH). En raison des risques auxquels ils sont exposés, les recommandations vaccinales françaises préconisent que les HSH se vaccinent contre l’hépatite B, l’hépatite A et, pour les moins de 26 ans, contre les infections à papilloma virus humains (PVH). Les données de couvertures vaccinales et les études sur les déterminants du recours à la vaccination chez les HSH sont peu nombreuses en France, pays par ailleurs caractérisé par une défiance de la population générale envers les vaccins, alimentée par des controverses multiples.

Objectifs : 

L’objectif principal de ce projet est de mieux comprendre les freins et leviers du recours à la vaccination chez les HSH en France. Il porte plus spécifiquement sur les vaccinations contre l’hépatite A, l’hépatite B et les infections à PVH.
Les objectifs secondaires sont : 1) estimer les couvertures vaccinales déclarées pour ces trois vaccins et, parmi les personnes non vaccinées, la prévalence de l’intention de se faire vacciner ; 2) estimer la prévalence de l’hésitation vaccinale dans cette population, la part des personnes hésitant vis-à-vis des trois vaccins considérés dans cette étude, et les motifs de cette hésitation ; 3) étudier les facteurs associés au fait d’être vacciné (ou d’avoir l’intention de se faire vacciner) et à l’hésitation vaccinale liée spécifiquement à ces trois vaccins, en s’intéressant plus particulièrement : i) à certaines connaissances, croyances et perceptions (vis-à-vis des vaccins, de la prévention diversifiée du VIH…) ; ii) aux antécédents médicaux et aux pratiques sexuelles ; iii) aux facteurs liés au suivi par les professionnels de santé ; iv) aux caractéristiques démographiques, économiques et sociales ; v) au niveau de confiance accordé aux autorités de santé et à la médecine conventionnelle et au degré d’implication des individus dans les décisions de santé.

Méthodologie : 

Ce projet repose sur une méthodologie innovante associant 1) une enquête quantitative administrée sur support digital (enquête en ligne sur un site internet dédié, www.vaccigay.fr, dont la promotion a été assurée notamment via les réseaux sociaux, de l’affichage ciblé et de la publicité sur l’application Grindr) ; 2) une enquête qualitative par entretiens individuels semi-directifs menés auprès d’une trentaine de personnes ayant répondu à l’enquête quantitative ; 3) un recueil de données issues des carnets de vaccination auprès de personnes ayant répondu à l’enquête quantitative, ceci afin d’estimer la qualité des données déclarées de comportement de vaccination ou non.

État d'avancement : 

La première année du projet a été consacrée à l’élaboration du questionnaire de l’enquête quantitative et des demandes d’autorisations. Un conseil scientifique s’est tenu en octobre 2020 ; à la suite de celui-ci, il a été décidé de réaliser environ 10 entretiens qualitatifs auprès de HSH afin de compléter le questionnaire. Le projet a reçu un avis favorable du Comité d’Ethique d’Aix-Marseille Université. En juin 2021, une phase pilote a permis de tester le questionnaire quantitatif auprès d’une vingtaine de personnes et de réaliser quelques ajustements. A l’automne 2021, les supports de communication de l’enquête ont été réalisés et la stratégie de diffusion définie.
L’enquête quantitative s’est déroulée du 15 février au 31 août 2022, avec une promotion très importante sur l’application de rencontre Grindr. Au total, 3 730 HSH ont complété le questionnaire. Entre avril et juillet 2022, 29 personnes ont participé à l’enquête qualitative.
En 2023, les premières analyses ont montré que : 1/ près de 90 % des répondants exprimaient une hésitation vaccinale spécifique aux vaccins contre les hépatites A, B et les PVH (74 % une hésitation modérée, 13 % une hésitation élevée) ; 2/ que ces niveaux d'hésitation vaccinale restaient très élevés, quelles que soient les pratiques sexuelles et de prévention des HSH, mais étaient plus faibles lorsque les participants avaient informé leur médecin de leur orientation sexuelle. D’autres analyses sont en cours, sur la vaccination contre les PVH et sur les opinions des HSH vis-à-vis des politiques de santé sexuelle ciblées sur leur communauté.