L’usage des médicaments de façon adaptée et sûre constitue un enjeu considérable de santé publique. Non seulement les médicaments peuvent faire courir aux patients des risques d’effets secondaires, parfois graves, mais leur usage n’est pas toujours conforme à leurs indications et aux recommandations de bonnes pratiques. La prévalence de ces situations est loin d’être négligeable, notamment dans des populations fragiles du fait de leur âge et des comorbidités. Le programme de recherche Drug-Safe vise à fournir un système intégré permettant une surveillance concomitante de l’usage des médicaments et de leur sécurité d’utilisation en France.
Les travaux de l’ORS dans le cadre du programme Drug-Safe visent notamment à décrire les dynamiques d’usage de médicaments psychotropes dans différentes populations.
Un premier axe a pour objectif de comparer la prévalence des prescriptions de médicaments psychotropes chez les personnes ayant survécu à un cancer à celles observées chez des personnes sans cancer. L’analyse conduite en 2015 dans une cohorte de survivants à 2 ans du diagnostic de cancer a montré notamment un pic de consommation de médicaments anxiolytiques dans les semaines entourant le diagnostic de cancer se poursuivant ensuite par une consommation chronique plus fréquente que chez les personnes sans cancer.
Un second axe vise à étudier les dynamiques temporelles (ou trajectoires) de prescriptions de benzodiazépines (BZD) en population générale sur des périodes de 8 à 10 ans, d’estimer leurs prévalences et d’identifier des facteurs cliniques associés à ces dynamiques. L’étude des associations entre ces trajectoires et le risque de fracture(s) ou de lésion(s) traumatique(s) chez les personnes âgées sera notamment au centre des travaux de l’ORS en 2018/2019.
Les travaux sont réalisés à partir des données de l’échantillon généraliste des bénéficiaires (EGB), un échantillon permanent représentatif de la population protégée par l'Assurance maladie française. La méthodologie statistique d’estimation des trajectoires temporelles de délivrances de médicaments s’appuie sur des modèles mixtes à classes latentes, chez les personnes de 50 ans et plus.
En 2017, l’ORS a étudié les trajectoires de consommation de benzodiazépines anxiolytiques (BZD-A). Quatre trajectoires ont été distinguées parmi les nouveaux consommateurs : des consommateurs occasionnels (60% des consommateurs de BZD-A) ; des consommateurs avec une augmentation rapide de la fréquence des délivrances (11%) ; des consommateurs avec une augmentation tardive chez 16% ; des consommateurs avec une consommation transitoire (augmentation puis une diminution de la fréquence d’utilisation (13%)).
Une seconde étude sur les benzodiazépines hypnotiques (BZD-H) a aussi été engagée en 2017 afin d’étudier les trajectoires de doses de BZD-H en population générale. Les résultats montrent des doses majoritairement stables même en cas de consommation chronique régulière de BZD-H.
Enfin, une étude de cohorte sur huit ans a montré que la consommation occasionnelle de BZD anxiolytiques et/ou hypnotiques, compatible avec les recommandations de bonnes pratiques, n’est pas associée à un excès de risque de fractures du col du fémur et de l’avant-bras (liées à des chutes) chez les personnes de 50 ans ou plus.