La vaccination a permis de réduire la mortalité et la morbidité en contrôlant de nombreuses maladies à prévention vaccinale (MPV). Pour éviter que ces maladies ne réapparaissent, des couvertures vaccinales (CV) élevées (objectifs : CV ≥ 95%) sont nécessaires. Cependant, en France, les CV demeurent sous-optimales, notamment en raison d’une prévalence élevée de l’hésitation vaccinale (HV) dans la population générale qui touchait jusqu’à 50 % des parents de jeunes enfants en 2016. Celle-ci contribue à une baisse des CV qui favorise elle-même la réémergence d’épidémies. Le ministère chargé de la santé a donc décidé d’élargir l’obligation vaccinale à 11 vaccins de la petite enfance désormais requis pour entrer en collectivité pour les jeunes enfants. Mais cette mesure, entrée en vigueur en janvier 2018, ne vise pas d’autres situations vaccinales comme celles chez le pré-adolescent (pour la vaccination contre les papilloma virus humains) ou même l’adulte concernant la vaccination contre la grippe, le pneumocoque, ou même, actuellement, la COVID-19.
L’entretien motivationnel (EM) correspond à un style de conversation collaboratif permettant de renforcer la motivation propre d’une personne et son engagement vers le changement. Dans le domaine de la vaccination, son efficacité pour restaurer la confiance a été démontrée au Québec auprès des parents de nouveau-nés, approchés pendant la période d’hospitalisation post-partum, en maternité. Elle est, à l’heure actuelle, en cours de généralisation dans les maternités de la Province de Québec. Le succès de cette approche a conduit son auteur, le Pr Arnaud Gagneur, à développer une formation destinée aux professionnels de santé. La formation initiale présente un intérêt stratégique pour former de façon efficace de futurs professionnels de santé à cette méthode d’éducation à la santé : elle permet d’intervenir à un moment où des habitudes de prise en charge ne sont pas encore solidement ancrées et, de plus, de toucher les futures cohortes de soignants, dans leur ensemble, ce que ne permet en revanche pas la formation continue.
Il s’agit de tester la faisabilité d’une formation à l’entretien motivationnel, adaptée à la vaccination, auprès d’internes en médecine générale (IMG), dans le cadre de leur formation initiale et d’évaluer son impact sur l’acquisition de compétences par les internes.
L’étude consiste à réaliser une étude comparative entre deux groupes d’IMG (de la Faculté de médecine de Marseille et de celle de Nice) avec un groupe recevant la formation et un groupe ne la recevant pas. La formation a été mise au point et déjà mise en œuvre dans le cadre de collaborations internationales, par le Pr Arnaud Gagneur et Patrick Berthiaume, formateurs des IMG. Elle se déroule sur deux demi-journées et inclut une séance de feedback et débriefing au bout de quelques semaines. Les compétences acquises à l’issue de la formation ont été évaluées à l’aide d’un instrument validé et utilisé au Québec (Motivational Interviewing Skills in Immunization : MISI). L’impact de la formation sur l’éventuelle hésitation vaccinale des IMG a été mesuré par une comparaison avant/après, à l’aide d’un instrument validé de mesure de l’hésitation vaccinale développé pour les professionnels de santé (le Pro-VC-Be) par l’ORS Paca, l’Institut national de la santé publique du Québec et l’Université de Sherbrooke (Québec). L’impact de la formation est aussi établi en relevant, pour plusieurs consultations vaccinales réalisées par les participants (formés et non formés), lors de leur dernier stage en ville, les intentions vaccinales de patients.
Le projet a été réalisé en 2021 et 45 IMG ont été formés à distance. Les résultats indiquent une bonne acquisition des compétences en entretien motivationnel (MISI), une amélioration de la confiance vaccinale et du sentiment d’auto-efficacité en matière de vaccination. Concernant la cohorte de patients, près de 90 questionnaires ont été complétés et les résultats indiquent sa faisabilité (taux de réponse élevé des patients recontactés après la consultation). Cependant, le recrutement dans le groupe témoin n’a pas été suffisant pour permettre une analyse des résultats. La procédure d’implication des IMG et de recrutement des patients dans le groupe témoin doit être revue et améliorée.