Impact de la COVID-19 sur la vaccination en France

Problématique : 

Après plus de deux ans de crise sanitaire, sept vagues épidémiques et dix-huit mois de campagne vaccinale, la question des attitudes et des comportements de la population française et de certains professionnels de santé à l’égard de la vaccination contre la Covid-19 reste un sujet d’actualité et un objet de recherche pour les mois à venir. En outre, au-delà de cette campagne vaccinale spécifique, il est très probable que cette crise sanitaire va avoir un impact sur les attitudes et les comportements à l’égard d’autres vaccins, existants ou à venir. Enfin, les sciences humaines et sociales (SHS) ont été largement mobilisées à cette occasion, autour de la notion d’hésitation vaccinale, et les travaux menés invitent aussi à mettre à l’épreuve cette notion, en prenant en compte en particulier la forte politisation des attitudes vaccinales observées depuis deux ans.

Objectifs : 

Dans ce contexte, ce projet poursuit deux objectifs principaux : d’abord, continuer à suivre et à documenter dans les prochaines années les enjeux vaccinaux autour de la Covid-19 ; ensuite, étudier l’impact de cette crise sur les attitudes et les comportements à l’égard de la vaccination en général et d’autres vaccins existants ou à venir. La poursuite de ces objectifs implique le recueil et l’analyse de nouvelles données, mais aussi un travail d’analyse secondaire de données existantes, ainsi que de valorisation et d’animation de la recherche s’appuyant sur les travaux menés depuis deux ans sur la vaccination, afin de permettre à une accumulation structurée de connaissances partagées.

Méthodologie : 

Le projet se déploiera simultanément le long de quatre axes de recherche. Le premier réinvestit les enjeux vaccinaux contemporains en population générale (enquêtes quantitatives et qualitative, analyse des signalements d’effets secondaires à l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM)). La politisation des enjeux vaccinaux sera explorée dans le premier axe, mais un second axe spécifique y sera aussi consacré, centré sur les mobilisations collectives et les débats publics autour de ces enjeux (approche ethnographique, analyse des débats sur Twitter et dans les médias d’information générale). Le troisième axe se focalisera sur les professionnels de santé (médecins généralistes et infirmiers libéraux et hospitaliers), à partir d’entretiens qualitatifs, d’analyses quantitatives secondaires (médecins généralistes) et de la mise en place d’une enquête auprès des infirmiers. Enfin, le quatrième axe réunira les actions d’animation et de valorisation scientifiques visant à structurer la recherche en SHS sur les enjeux vaccinaux.

État d'avancement : 

Le projet a débuté au 1er janvier 2023. Deux enquêtes par questionnaires ont été réalisées auprès d’échantillons représentatifs de la population. Une enquête a été réalisée auprès d’un large échantillon d’infirmiers. Des entretiens compréhensifs ont été menés auprès d’infirmiers. Nous avons également créé le réseau SHS-Vaccination-France et publié un rapport de plus de 100 pages faisant l’état des lieux de la recherche dans ce domaine depuis le début de l’épidémie de Covid-19. L’analyse des contenus publiés sur les médias d’information générale et sur les réseaux sociaux a commencé. Plus de 10 articles ont déjà été publiés ou sont en cours d’évaluation.
Parmi les résultats obtenus : les Français sont très partagés sur la gestion de la crise sanitaire et, en 2023, ils semblent en sous-estimer la gravité. Désormais, pour 40 %, le premier confinement était excessif (36 % en 2022) et, pour 39 %, il était inutile de vacciner les adultes en bonne santé́ (33 % en 2022). Par ailleurs, seule une petite moitié́ des Français se dit favorable à un vaccin bivalent grippe-Covid-19 proposé chaque hiver : 48 % y sont favorables, 37 % y sont défavorables, 15% ne se prononcent pas. Nous avons aussi observé que 62 % des français pensent que l’on en sait encore peu sur les effets secondaires à long terme des vaccins, et 20 % pensent que les vaccins à ARN messagers modifient l’ADN des vaccinés.