Les hommes qui ont des relations sexuelles avec d’autres hommes (HSH) constituent l’une des populations clés de l’infection par le VIH. En Afrique, la prévalence de l’infection par le VIH est estimée à 17 % chez les HSH contre 5 % dans la population générale adulte. Outre les conséquences pour les HSH eux-mêmes, cette situation représente une menace pour la santé de leurs partenaires féminines et, au-delà, de la population générale (surtout en cas d'épidémie concentrée ou mixte d’Afrique de l'Ouest) dans la mesure où la plupart des HSH africains ont également des relations hétérosexuelles. Peu de programmes de prévention et de prise en charge spécifiques aux HSH sont disponibles en Afrique. Les activités dispensées par les programmes de prévention actuels ne permettent pas de diminuer l’incidence du VIH chez les HSH.
Evaluer la faisabilité et l’intérêt d’une prise en charge globale à visée préventive trimestrielle des hommes qui ont des relations sexuelles avec d’autres hommes (HSH) en Afrique subsaharienne, afin de contribuer à réduire l’incidence du VIH dans cette population clé, chez leurs partenaires féminines et dans la population générale.
Une cohorte interventionnelle, ouverte, multicentrique et multidisciplinaire est réalisée au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Mali et au Togo. Tous les participants bénéficient d’une prise en charge globale trimestrielle incluant : i) un recueil d’informations sur l’état sanitaire, les symptômes d’infection sexuellement transmissible (IST) et les comportements sexuels de la personne ; ii) un examen clinique ; iii) le diagnostic des IST et si besoin leur traitement ; iv) des conseils de prévention adaptés aux HSH ; v) la mise à disposition de préservatifs et de lubrifiants. La vaccination contre le VHB et des tests de dépistage de la syphilis sont proposés. Les HSH séronégatifs pour le VIH ont également un test de dépistage du VIH à chaque visite trimestrielle. Une prise en charge immédiate (avec traitement ARV) est proposée aux HSH VIH+. 700 HSH de plus de 18 ans, dont 500 VIH- et 200 VIH+, rapportant au moins un rapport sexuel anal avec un homme au cours des 3 derniers mois, sont recrutés et suivis de 24 à 36 mois.
Les analyses réalisées actuellement ont permis de montrer que les HSH ouest-africains sont très intéressés par la PrEP, notamment ceux ayant des pratiques sexuelles à risque élevé d’infection par le VIH. Cela a confirmé l’intérêt d’ajouter de la PrEP dans l’offre de prévention. L’analyse des entretiens semi-directifs a permis de montrer que les attentes et besoins liés au VIH semblent dépendre du niveau d’empowerment, ce qui présente de nombreuses implications pratiques pour les organisations à base communautaire et invite à repenser l’organisation de la prévention VIH dans ces contextes. Une analyse montre que les HSH suivis dans la cohorte ont un niveau élevé d'exposition au risque de VIH et que l'ensemble des mesures préventives proposées dans la cohorte (conseil et un test de dépistage du VIH trimestriels) conduit à une réduction partielle des comportements sexuels à risque, en particulier chez les personnes les plus exposées au risque d'infection par le VIH. Le nombre élevé de séroconversions au VIH observé au cours du suivi renforce la nécessité d'introduire la PrEP dans cet ensemble préventif. Un soutien spécifique aux jeunes HSH, axé sur l'identité et la santé mentale, semble nécessaire pour renforcer la prévention du VIH chez les HSH d'Afrique de l'Ouest.