La progression d’opinions défavorables à la vaccination en général dans le public et le constat de couvertures vaccinales éloignées des objectifs de santé publique pour certains vaccins et groupes de population amènent à s’interroger sur le rôle, les attitudes et les comportements des médecins généralistes (MG). Ces derniers occupent une place centrale dans le dispositif vaccinal en France et jouent un rôle souvent déterminant auprès de leurs patients dans leur choix de se vacciner ou pas.
Pourtant, les opinions des MG de ville semblent s’être dégradées et des réticences et appréhensions existent chez ces médecins à l’égard de certains vaccins et groupes cibles. La littérature sur les comportements de vaccination des MG de ville n’offre cependant pas une vision d’ensemble sur ceux-ci ni sur leurs déterminants modifiables par des interventions ; elle se focalise principalement sur des facteurs cognitifs immédiats mais laisse de côté d’autres types de facteurs, au moins aussi importants, dans l’adoption de comportements de vaccination.
Ce projet a pour objectifs : - d'étudier les comportements de vaccination des MG de ville pour eux-mêmes et leurs patients, pour les vaccins et groupes de population cibles pour lesquels les couvertures vaccinales sont insuffisantes en France ; - de mieux comprendre les déterminants de ces comportements en adaptant un cadre conceptuel issu d’un consensus d’experts et de chercheurs permettant de privilégier l’étude de facteurs ou domaines associés aux changements de comportement des professionnels de santé ; - d'étudier la confiance des MG envers différents types de sources d’information et l’influence de celles-ci sur les attitudes et les comportements vaccinaux des MG.
Dans le cadre de la troisième édition du panel national d’observation des pratiques et des conditions d'exercice en médecine générale de ville mis en place en décembre 2013, une vague d’enquête porte sur la vaccination. La base de sondage a été obtenue à partir du Répertoire partagé des professionnels de santé. Un appariement avec le Système National d’Information Interrégimes de la Caisse nationale d’assurance maladie des travailleurs salariés (Sniiram) a permis de ne retenir que les MG ayant perçu au moins un euro d’honoraires dans l’année. Les échantillons (1 national et 3 régionaux en Paca, Pays-de-la-Loire et Poitou-Charentes) ont été constitués par tirages aléatoires stratifiés sur le sexe, l’âge, la densité d’offre de MG au niveau de la commune d’exercice de chaque MG en 2012 et le volume d’activité du médecin en 2012. L’inclusion des MG a eu lieu entre décembre 2013 et février 2014. L’enquête a été effectuée entre mars et mai 2014 par le biais d’un questionnaire standardisé élaboré avec le concours d’un comité d’experts de la vaccination, à partir d’une revue de la littérature et des résultats de plusieurs études qualitatives conduites auprès de MG en France.
Cette recherche quantitative a permis d’améliorer la connaissance des comportements de vaccination des MG en France pour eux-mêmes et pour leurs patients, en ciblant les situations de vaccination (type de vaccin et population cible) les plus préoccupantes du fait de taux de couvertures non optimaux. Elle montre notamment que la fréquence de recommandation de ces vaccins par les médecins varie notablement d’un médecin à l’autre. Surtout, les résultats montrent la présence d'une hésitation vaccinale chez les médecins dont une part non négligeable exprime des doutes sur la sécurité de certains vaccins ainsi que sur leur utilité. Cette hésitation est d’autant plus fréquente que les vaccins concernés ont été au coeur de controverses. Les analyses de 2016 ont permis de quantifier la prévalence de l’hésitation vaccinale modérée à forte (un médecin sur 8). Une enquête qualitative a été réalisée pour mieux comprendre les raisons de cette hésitation. Les résultats, qui ont été présentés lors d’un colloque en mai 2017 organisé à Marseille par l’ORS PACA, devraient aider à développer des interventions visant à améliorer la formation des MG dans le domaine de la vaccination.