Lors de la pandémie de coronavirus de 2019 (COVID-19), un nombre croissant de pays a mis en œuvre des mesures sans précédent (confinement) afin de la ralentir. Dans ce contexte général caractérisé́ par de fortes incertitudes, des tensions plus ou moins prononcées selon les pays, ont existé sur la disponibilité de masques, de réactifs pour les tests, mais aussi du fait du manque d’options thérapeutiques validées cliniquement. La couverture médiatique de la pandémie a été considérable, et a notamment porté sur les débats scientifiques sur les études cliniques concernant l’efficacité et les risques de la bithérapie Hydroxychloroquine-Azithromycine, ainsi que la possibilité́ de recourir au dépistage du COVID19 chez des personnes sans facteurs de risque identifiés.
Dans ce contexte totalement inédit, il était essentiel de mieux comprendre les parcours de diagnostic et de prise en charge des patients en médecine générale. Concernant les médecins généralistes eux-mêmes, l’enjeu était de documenter leurs réponses individuelles et collectives face à la pandémie, et la manière dont ils ont pris en compte le protocole de bithérapie dans le processus de décision médicale partagée avec leurs patients.
Les objectifs étaient de documenter l’activité des médecins généralistes marseillais durant l’épidémie, la réorganisation éventuelle de leur cabinet, leur perception des risques associés à l’épidémie et les sources d’information qu’ils ont privilégiées, les parcours des patients Covid-19 et les filières d’orientation et les conditions de recours au test.
Une méthodologie dite mixte a été mise en œuvre associant une étude transversale observationnelle par auto-questionnaire en ligne auprès des médecins généralistes marseillais et une enquête qualitative longitudinale par entretiens semi-structurés, auprès des médecins généralistes exerçant sur le territoire de Marseille : 2 vagues d’entretiens ont été réalisées : pendant et après la période du confinement.
Entre mi-avril 2020 et début mai 2020, 142 médecins généralistes marseillais ont complété le questionnaire en ligne. Les données ont été redressées. Les résultats indiquent notamment que 80 % des médecins ont recouru aux téléconsultations pour prendre en charge les patients suspectés de Covid-19 pendant le confinement, près de 60 % ont maintenu des consultations présentielles, 30 % des visites à domicile, 15 % ont orienté leurs patients vers un centre Covid et 60 % vers l’Institut Méditerranée Infection. Concernant le volet qualitatif, 16 entretiens se sont déroulés entre mi-avril 2020 et mi-mai 2020. Les résultats ont fait ressortir le sentiment des médecins généralistes de ne pas avoir été suffisamment impliqués dans la première phase de l’épidémie. Ils ont aussi souligné qu’ils ont dû faire face à de nombreuses incertitudes, notamment sur le plan thérapeutique. Dans ce contexte, la pratique en groupe semble avoir été un soutien important, par rapport à la pratique isolée. Une note de retour d’expérience sur l’impact de la crise liée à la covid-19 sur les soins de premiers recours pendant les premiers confinement et déconfinement a été rédigée et intègre les résultats de cette étude. Cette note est disponible sur le site de l’ORS (ww.orspaca.org).