Depuis 2007, l'ORS a co-animé, avec l’UMR 912 SESSTIM et la Direction de la Recherche des Etudes, de l’Evaluation et des Statistiques (DREES), le panel d’observation des pratiques et des conditions d’exercice en médecine générale. Dans un contexte particulièrement évolutif en matière d’organisation des soins de premier recours, tant sur le plan institutionnel qu’en matière de modalités d’exercice, l’existence d’un panel d’observation des conditions d’exercice en médecine générale constitue un atout de premier plan venant compléter d’autres dispositifs documentant les pratiques en médecine générale de ville en France. Il offre la possibilité de documenter les attitudes, opinions et pratiques des médecins généralistes de ville sur différentes thématiques de santé publique et populations ainsi que leurs conditions de travail.
La troisième édition du panel (panel 3) a permis de produire des informations au niveau national et dans trois régions (Pays de la Loire, Poitou-Charentes, Provence-Alpes-Côte d’Azur) sur : le cadre d’activité, l’environnement professionnel et les rythmes de travail ; les pratiques de prise en charge en médecine générale et leurs déterminants.Après la vaccination (première vague d’enquête du panel 3 réalisée en 2014) et le suivi obstétrical (seconde vague réalisée en 2015), deux autres vagues ont été réalisées respectivement en 2015 et en 2016 : les soins de support aux patients avec un cancer (rôle des médecins généralistes dans ces soins et les difficultés auxquelles ils sont confrontés) et la prise en charge des patients avec des multi-morbidités (notamment rôle et pratiques dans la déprescription de médicaments dont la balance bénéfices-risques est jugée défavorable par les médecins).
Le panel 3, comme le panel 2, dispose d’un échantillon national et de 3 échantillons régionaux qui ont été comparés à l’échelon national. La population cible est l’ensemble des médecins généralistes libéraux exerçant en France métropolitaine ayant au moins une activité libérale en cabinet de ville. Les médecins ont été sélectionnés à partir du répertoire partagé des professionnels de santé selon une procédure de tirage aléatoire stratifié sur le sexe, l’âge, l’accessibilité potentielle localisée (indicateur de densité d’offre de médecins généralistes) au niveau de la commune d’exercice et leur volume d’activité. Près de 2 250 médecins généralistes, en moyenne, ont participé aux 5 vagues suivant celle d’inclusion (1 250 pour l’échantillon national et 1 000, au total, pour les trois échantillons régionaux). Les informations ont été recueillies auprès des médecins par téléphone.
L'enquête sur la prise en charge des patients avec un cancer montre, entres autres, que les médecins généralistes ne disposent pas toujours des informations dont ils auraient besoin quand ils reçoivent leurs patients avec un cancer, contrairement aux objectifs des plans cancer. Les résultats de la 4ème vague ont montré que si les médecins généralistes assument un rôle central dans la gestion de l’ordonnance et se sentent à l’aise avec la dé-prescription de médicaments inappropriés, seul un tiers en prend régulièrement l’initiative. Une majorité de médecins seraient prêts à collaborer davantage avec d’autres professionnels de santé, en particulier les pharmaciens, en matière de polymédication des patients. Les médecins rencontrent également des limites dans l’utilisation des guides de bonnes pratiques disponibles pour la prise en charge des maladies chroniques lors de la prise en charge des patients en situation de multimorbidité : 80 % considèrent que les recommandations de ces guides sont difficiles à appliquer chez ces patients et 71 % que l’application simultanée de plusieurs recommandations figurant dans différents guides peut entraîner des interactions médicamenteuses.La dernière vague du panel 3, sur la précarité, a été réalisée début 2017 et une publication de ses résultats est en préparation.Des préparatifs sont en cours pour lancer un quatrième panel, à partir de l'automne 2018.