En rendant possible la guérison de l’hépatite C pour la plupart des personnes traitées, les antiviraux à action directe (AAD), par ailleurs beaucoup mieux tolérés que les traitements antérieurs, ont significativement transformé l'expérience de la maladie, la réponse et les trajectoires de vie des personnes vivant avec le VIH et le virus de l’hépatite C (VHC). Cependant, nous n'avons aucune information sur la façon dont l'accès à ces nouveaux traitements a modifié les trajectoires sociales et sanitaires des personnes vivant avec le VIH et le VHC. Cette absence d'information concerne en particulier les personnes infectées par usage de drogues par injection (UDI) et les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes (HSH) – deux groupes ayant des taux de co-infection VIH-VHC élevés et qui expérimentent une série de barrières sociales et structurelles à l'accès aux soins.
Les objectifs de cette étude sont :
- D’évaluer l’état de santé et les trajectoires sociales d’UDI et de HSH vivant avec la VIH après guérison du VHC grâce aux AAD ;
- De documenter les expériences de celles/ceux d’entre eux ayant des pratiques à risque de VHC après guérison ;
- D’informer les politiques de santé et d’orienter la prise en charge des patients traités par AAD, pour optimiser les résultats du traitement chez les UDI VIH+ et chez les HSH afin de prévenir la réinfection sur le long terme ;
- De documenter les perceptions et représentations des personnes VIH-VHC guéries de l’hépatite C puis réinfectées par le VHC.
Cette étude qualitative prévoyait deux vagues d’entretiens semi-structurés : l’une menée auprès de 25 UDI et 25 HSH suivis à Paris (n=25), et Marseille (n=25) ; la seconde menée auprès d’une vingtaine de patients réinfectés. Le recrutement a eu lieu au sein de la cohorte nationale prospective ANRS CO13 HEPAVIH de personnes coinfectées par le VIH et le VHC. Les résultats de cette étude serviront à l'élaboration des politiques de santé, à l’ère de l’accès universel aux AAD, et fourniront des indications pour améliorer l’accès aux soins et la prise en charge clinique des personnes concernées, afin d'optimiser les résultats du traitement et de prévenir la réinfection par le VHC sur le long terme. Nous utiliserons également les résultats de cette étude pour l'élaboration d'outils de recueil adaptés à ces populations, pour une utilisation future dans des études transversales que les investigateurs de l'étude mènent actuellement en France et au Canada.
Les deux vagues d’entretiens ont été réalisées. Une première étude mixte (quantitative-qualitative), menée à partir de 47 entretiens (27 chez des UDI et 20 chez des HSH), a mis en lumière des différences de vécu entre HSH et UDI, liées notamment à l’ancienneté de l’infection (article publié dans Journal of Viral Hepatitis).
Seize participants réinfectés par le VHC ont été interviewés lors de la deuxième vague d’entretiens qui s’est déroulée d’octobre 2020 à juillet 2022 dans les services participant à la cohorte HEPAVIH. Les analyses et la valorisation sont actuellement en cours.