Le nombre de personnes sous traitement antirétroviral (ARV) a considérablement augmenté au cours des dernières années et les objectifs "90-90-90" de l’ONUSIDA encourage les pays à atteindre un taux de couverture en ARV d’au moins 90% d’ici 2020. Néanmoins, l’efficacité des programmes de lutte contre le VIH risque d’être compromise par les échecs au traitement notamment dans les pays à ressources limitées où l’accès aux examens de mesure de la charge virale est limité. Une stratégie de 1ère ligne à base de Dolutégravir (DTG) offre une alternative très prometteuse aux stratégies de 1ère ligne habituellement utilisées en raison de sa puissance et de son faible coût. Son efficacité et sa tolérance seront évaluées pour la première fois dans les pays du Sud (au Cameroun) dans le cadre de l’essai clinique NAMSAL. Ce projet propose d’associer une évaluation médico-économique à l’essai NAMSAL afin de déterminer les bénéfices économiques qui résulteraient de l’adoption d’une stratégie de 1ère ligne à base de Dolutégravir.
L’analyse coût-efficacité a pour objectif principal de comparer la stratégie à base de Dolutégravir à celle à base d’Efavirenz (traitement standard), en combinaison avec Tenofovir-Lamivudine dans la prise en charge initiale des adultes séropositifs dans les pays à ressources limitées. L’essai NAMSAL permettra d’évaluer l’efficacité et la tolérance de la stratégie à base de Dolutégravir dans un contexte de pays du Sud. L’évaluation économique apportera des éléments d’information complémentaires sur les bénéfices de cette stratégie en terme de qualité de vie ainsi que sur sa valeur économique.
La participation à l’étude économique est proposée au patient lors de sa visite médicale, via une notice d’information qui présente les objectifs du volet socio-économique. Les personnes acceptant de participer à l’étude répondent à un questionnaire administré en face à face par un enquêteur, le même jour que leur visite médicale. Les questions portent sur la situation familiale, professionnelle, la perception de la santé et les effets secondaires liés aux traitements, ainsi que la vie affective et sexuelle. Afin de mesurer l’évolution de la situation des patients au cours du suivi, le questionnaire est administré tous les 3 mois pendant la durée du suivi, soit 4 ans au total. Les données socio-économiques associées aux données de l’essai clinique ont été utilisées pour estimer les coûts et bénéfices de santé en termes d’année de vie ajustée sur la qualité de vie des deux stratégies de traitement sur la durée de l’essai. Une modélisation a ensuite été développée pour estimer les coûts et bénéfices de santé au-delà de la durée de l’essai, sur le long terme.
Les inclusions ont démarré à l’été 2016, parallèlement au recueil de données cliniques. Le dernier des 610 participants a été inclus en août 2017. La construction des bases de données et la collecte de données sur les coûts et sur les autres paramètres nécessaires au développement du modèle de coût-efficacité sont terminés sur les données de suivi à 2 ans.
La collecte de données socio-économiques a été prolongée de deux ans pour permettre un suivi de 4 ans. L’analyse coût-efficacité à deux ans est finalisée et fait l’objet d’une publication dans la revue PharmacoEconomics. Les résultats montrent que la stratégie à base de Dolutégravir est la stratégie de première ligne préférée (i.e. la stratégie la plus coût-efficace) dans l’analyse principale ainsi que dans les analyses de sensibilité. Un modèle de cohorte de Markov a été développé afin de simuler les résultats cliniques et économiques au-delà des 2 premières années de l’essai, soit sur 5 et 10 ans. Les résultats de la modélisation confirment les résultats obtenus à partir des 2 premières années : la stratégie à base de Dolutégravir est la plus coût-efficace en raison d’une meilleure efficacité virologique résultant en un nombre plus limité de passage en 2nde ligne de traitement et en un coût plus faible.
Les données socio-économiques à 4 ans sont disponibles depuis septembre 2021. Ces données sont en cours d’analyse afin d’étudier l’évolution de la qualité de vie et ses déterminants, notamment l’effet de la stratégie de traitement à base de Dolutégravir.