Les salles de consommation de drogues à moindre risque (SCMR) font aujourd’hui partie de l’arsenal des services proposés dans le champ de la réduction des risques. Au-delà des résultats d’efficacité en terme de réduction des risques de transmission du VIH ou du VHC notamment (étude COSINUS), une évaluation économique de ce dispositif permet de s’assurer qu’il est coût-efficace, ou non, sur le long terme. Peu d’études ont été menées en ce sens en terrain réel puisque seule la SCMR Insite à Vancouver a pu démontrer qu’elle était coût-efficace ; les autres études ont été faites en amont des ouvertures et avaient pour objectif de démontrer l’intérêt économique de ce dispositif et d’appuyer la décision d’autoriser leur implantation. En 2016, la France a autorisé l’ouverture de 2 SCMR, à Paris et à Strasbourg, dans le cadre d’une expérimentation. Grâce aux données de l’étude COSINUS ainsi qu’aux données de la littérature, il sera possible de réaliser une évaluation économique de ces SCMR. A l’issue de l’évaluation, il est important de pouvoir mettre en regard les coûts associés à ce dispositif et son efficacité afin d’éclairer les décisions prises dans le cadre des politiques publiques.
Objectif principal : Evaluer le coût, l’efficacité et le coût-bénéfice des SCMR par rapport aux structures existantes (CAARUD).
Objectifs secondaires :
- Evaluer le coût de fonctionnement d’une SCMR (intégrant coût en capital et coût en fonctionnement), décrire ses composantes par activité et le coût unitaire par usager ;
- Evaluer le coût incrémental (ou coût additionnel) de la SCMR par rapport aux Centres d'Accueil et d'Accompagnement à la Réduction des risques pour Usagers de Drogues (CAARUD) ;
- Evaluer l’efficacité de la salle de consommation en termes d’infections et d’overdoses évitées (par rapport aux CAARUD) ;
- Evaluer les coûts évités en terme de consommations de soins (urgence, hospitalisation, consultations médicales, traitement, …) associés aux infections évitées (abcès, hépatite C et infection VIH) et aux overdoses évitées ;
- Evaluer le coût-bénéfice de la SCMR (coûts incrémentaux de structure – coûts évités).
Les analyses seront réalisées grâce aux données de la cohorte COSINUS, aux données institutionnelles concernant les dispositifs en question, aux données recueillies sur site dans les 2 SCMR et les données issues de la littérature.
L’analyse du coût de la SCMR sera effectuée à partir des données de ses rapports d’activités et de ses bilans financiers (de la mise en place en année 1 au fonctionnement normal) complétées par une collecte de données auprès des équipes de la SCMR. L’analyse du coût sera réalisée selon une approche économique qui consiste à annualiser les coûts en capital et à valoriser toutes les ressources, y compris celles mises à disposition gratuitement (recours à des volontaires, dons, …).
L’analyse du coût des CAARUD se basera sur les données de coûts des CAARUD obtenues à partir de la documentation existante et des bilans financiers des structures.
L’efficacité de la SCMR sera évaluée en termes d’infections et d’overdoses (fatales et non fatales) évitées. Les infections considérées dans l’analyse seront l’hépatite C, le VIH et les abcès. Les coûts évités liés aux infections et aux overdoses évitées seront estimées à partir des données de la cohorte, complétées avec les données de la littérature (notamment pour l’estimation du coût de la prise en charge des infections VIH et VHC).
Le coût-bénéfice de l’intervention sera calculé comme la différence de coûts entre les coûts incrémentaux de structure de la SCMR et les coûts évités par la SCMR du fait des problèmes de santé évités chez les usagers de drogues injecteurs (infections et overdoses évitées).
Les analyses sont achevées et les résultats ont été transmis au commanditaire de l’étude.