Les conclusions scientifiques sur le lien entre l’engagement sportif et la consommation de substances psychoactives chez les jeunes sont équivoques. Cela est dû au fait que les sports et leurs modalités de pratique d’une part, et les formes d’usage des diverses substances d’autre part, peuvent se combiner de manières extrêmement variées, selon en particulier le sens et les fonctions qu’assignent les individus à leurs consommations.
Notre étude doit permettre de : 1/ caractériser le comportement de consommation de substances licites et illicites d’étudiants de la filière STAPS (sciences du sport) de 18 à 24 ans dans le Sud de la France ; 2/ préciser la relation entre sports, modalités de pratique (niveau, compétition, formel vs informel,…) et types de consommation de substances psychoactives dans cette population, en s’intéressant en particulier aux motifs des usages, afin de mieux comprendre ces derniers ; 3/ ajouter une dimension diachronique à ces trois premiers objectifs, en comparant les données recueillies de 2002 à 2016 ; enfin 4/ affiner les messages de prévention à destination des fédérations sportives vis à vis des conduites de consommation de leur pratiquants.
Nous utilisons un questionnaire auto-administré en 88 items utilisé pour les enquêtes de 2002 et 2006. Ce questionnaire est destiné aux étudiants de 2ème et 3ème années de la filière STAPS des Universités de Marseille (sites de Marseille et Gap) et de Perpignan (site de Font-Romeu). Le présent projet est mené sur une population d’environ un millier d’étudiants en STAPS. Lors des rentrées académiques de 2013-14 et 2014-15, 716 questionnaires ont été obtenus (396 à Marseille, 129 à Gap, et 191 à Font-Romeu). La 3ème et dernière session de recueil de données s’est effectuée à la rentrée universitaire 2015-16, auprès d’environ 300 étudiants, portant ainsi l’échantillon total à près d’un millier d’étudiants. De façon corollaire, nous interrogeons à l’aide du même questionnaire mais via des réseaux sociaux spécialisés dans les sports de pleine nature des pratiquants de ces sports (non étudiants STAPS, mais de la même classe d’âge). Une fois l’ensemble des questionnaires saisi, le plan d’analyse statistique prévoit de recourir à des techniques usuelles visant à décrire la diversité des données en repérant les corrélations les plus significatives (statistiques descriptives usuelles, statistique inférentielle et méthodes de statistiques exploratoires multivariées), que ce soit pour dégager des profils de pratique/consommation, mettre en évidence les déterminants de ces profils, ou encore comparer les données recueillies entre 2002 et 2016.
La phase de recueil des dernières données est achevée, les analyses sont en cours. Trois articles scientifiques sont soumis à des revues internationales. D’autres sont en cours d’écriture. Les premiers résultats montrent notamment que depuis 2002 les consommations d’alcool (de bière principalement) ont augmenté chez les étudiants en STAPS, davantage parmi les filles, de sorte que les écarts de genre se réduisent (article pour Alcohol & Alcoholism) ; ils attestent également de l’existence de profils de consommation très contrastés, associant ou non plusieurs produits, en particulier le cannabis (article pour Addictive Behaviors), ainsi que plusieurs motifs (usages en vue d’améliorer des performances sportives ou extra-sportives, article pour l’International Review for the Sociology of Sports).