La consommation excessive d’alcool reste encore aujourd’hui un problème de santé publique majeur en France en particulier à cause de son association avec la morbidité et la mortalité (hépatique, cardiovasculaire, tumorale, etc.), avec le risque d’accidents de la route, et avec les troubles psychiatriques. Il existe actuellement un large éventail d’approches, pharmacologiques ou non, pour la prise en charge des personnes présentant une consommation d’alcool nocive pour la santé.
La prise en charge des conduites addictives peut se faire dans différents types de structures. Les Centres de Soins, d'Accompagnement et de Prévention en Addictologie (CSAPA) sont des établissements spécialisés dédiés à la prise en charge des mésusages de substances psychoactives, les médecins généralistes, de par leur pratique de proximité, sont les premiers acteurs du dépistage des usages à risques d’alcool et d’autres substances.
Ce projet vise à comprendre pourquoi une si faible part de personnes en difficultés avec leur consommation d’alcool bénéficie d’un suivi médical pour ce problème spécifique. Afin de répondre à cette problématique, il explore les représentations et pratiques des personnes concernées ainsi que des médecins généralistes.
L’objectif principal de ce projet est d’identifier les facteurs individuels et contextuels associés à l’accès aux soins des personnes présentant une consommation d’alcool nocive pour la santé.
Les objectifs secondaires sont les suivants :
- Identifier les modalités de prise en charge des personnes concernées par une consommation nocive d’alcool en médecine de ville ;
- Explorer les perceptions et les représentations des patients sur leur consommation d’alcool et ses conséquences sur leur prise en charge ;
- Comparer les objectifs thérapeutiques envisagés par les médecins et les patients.
Il s’agit d’une étude transversale observationnelle conduite en France qui s’intéresse, par le biais de méthodes quantitatives et qualitatives, aux perceptions et aux comportements relatifs à la prise en charge de la consommation nocive d’alcool. Cette étude est menée à la fois auprès des personnes et auprès des médecins de ville qui les prennent en charge. Elle prévoit pour chaque population une enquête qualitative à partir d’entretiens semi-directifs et une enquête quantitative par questionnaire.
La totalité des entretiens semi-directifs a été effectuée et analysée pour les deux populations d’étude.
Les questionnaires auprès de 100 médecins généralistes ont été complétés. L’enquête a permis de mettre en évidence une association indépendante entre, d’une part, l’intérêt des médecins généralistes pour l’addictologie et/ou le fait d’avoir des patients présentant des troubles d’usage de l’alcool et, d’autre part, le dépistage systématique et la prise en charge des troubles d’usage de l’alcool. Par ailleurs, les médecins généralistes favorables à un contrôle de la consommation d’alcool (par rapport à la seule proposition d’abstinence) sont plus susceptibles de proposer un dépistage systématique de trouble d’usage d’alcool à leurs patients.
L’enquête par questionnaire auprès des personnes présentant une consommation d’alcool nocive est terminée. Les premières analyses ont montré que les personnes avec un trouble de l'usage d'alcool (TUAL) qui ne fréquentent pas d’autres consommateurs d’alcool étaient près de 4 fois plus enclines à avoir déjà effectué une démarche pour arrêter ou réduire leur consommation d'alcool et que les personnes qui travaillent sont plus susceptibles d’avoir effectué une démarche. Les entretiens qualitatifs ont permis de souligner qu’être entouré de buveurs constitue une incitation à la consommation.
Trois articles ont été publiés (Alcoholism Treatment Quarterly, BMJ Open, BMC Public Health).
Le rapport scientifique a été remis à la MILDECA en juin 2020.