L’accès à la prophylaxie pré-exposition (PrEP) au VIH pour les hommes qui ont des relations sexuelles avec d’autres hommes (HSH) est une priorité stratégique de santé publique soutenue par l'ONUSIDA, l’OMS, le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, le PEPFAR, etc. Toutefois, sa mise en œuvre en Afrique est confrontée à de nombreux obstacles tels que l’absence de données sur la PrEP chez les HSH et le manque de programmes de prévention ciblés. C’est notamment le cas en Afrique de l’Ouest où les pays ont des épidémies mixtes, avec une prévalence du VIH relativement faible dans la population générale (1 % - 3 %) mais beaucoup plus élevée chez les HSH (15 % - 20 %). Des données suggèrent que les relations sexuelles entre les hommes peuvent jouer un rôle important dans la dynamique de l’épidémie dans cette région. Dès lors, se pose clairement la question de "comment mettre en œuvre une offre de PrEP adaptée aux HSH dans ce contexte ?".
Général : Evaluer l’acceptabilité et la faisabilité de la PrEP pour les HSH au sein d’une offre de prévention combinée dans des cliniques associatives d’Afrique de l’Ouest.
Spécifiques : Evaluer l’acceptabilité de la PrEP, l’observance à la PrEP et au dépistage trimestriel du VIH, la tolérance de la prise quotidienne ou à la demande de TDF/FTC (Tenofovir disoproxil fumarate/Emtricitabine), l’évolution sous PrEP des autres mesures préventives, l’incidence des infections sexuellement transmissibles (IST) sous PrEP, l’efficacité "dans la vraie vie" de la PrEP, l’émergence de résistances, le coût et le coût-efficacité de la PrEP.
Une étude de cohorte interventionnelle, ouverte, multidisciplinaire et multicentrique sera réalisée au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Mali et au Togo. Cette étude sera menée au sein du programme de recherche opérationnelle CohMSM qu’elle complètera. Elle sera ainsi proposée aux HSH séronégatifs inclus dans CohMSM ayant un risque élevé de contamination par le VIH (hommes ≥ 18 ans rapportant au moins un rapport sexuel anal avec un autre homme sans utilisation d’un préservatif au cours des 6 derniers mois). Si besoin, d’autres HSH seront recrutés pour atteindre un total de 500 HSH sous PrEP. Tous les HSH bénéficieront d’une offre de prévention combinée incluant des examens cliniques trimestriels, le dépistage et le traitement des infections sexuellement transmissibles, le dépistage du VIH, la PrEP (quotidienne ou à la demande, au choix des participants), la vaccination contre l’hépatite B, un accompagnement personnalisé par des pair-éducateurs (aide à l’observance de la PrEP et conseils de prévention), des groupes de parole et la mise à disposition de préservatifs et de lubrifiants. Ces activités seront conduites par des associations pionnières dans la lutte contre le VIH, notamment chez les HSH. L’étude aura une durée totale de 3 ans.
648 HSH ont choisi la PrEP comme stratégie de prévention (131 au Togo, 129 au Burkina Faso, 131 en Côte d’Ivoire, 257 au Mali), 465 à la demande et 183 en continue. On dénombre 25 séroconversions par inobservance du schéma de prise et non compensation des rapports à risque par le préservatif. Parmi 624 participants retenus pour une analyse de survie, 220 ont été perdus de vue (35,2%). Le temps moyen de suivi était de 21,1 mois et 6,4 mois pour les participants perdus de vue. Les "nouveaux" participants inclus dans CohMSM PrEP ont un profil plus vulnérable que les participants recrutés directement depuis CohMSM : cela se manifeste par davantage de précarité financière, des comportements sexuels plus à risque et un plus grand isolement social, y compris au sein de la communauté HSH. L’incorporation de la PrEP dans l’offre de prévention et l’utilisation des réseaux HSH au cours du temps ont contribué à atteindre une population de HSH différente. Une analyse a permis de montrer que l’observance à la PrEP semble optimale et que les participants ont adapté leur utilisation au cours du temps en accord avec leurs comportements sexuels. Il n’y a pas d’indication que la PrEP ait entrainé une compensation de risque. Par contre, il faut davantage expliquer la prise de la PrEP à la demande aux participants qui ont eu du mal à la prendre correctement.