La vaccination est un moyen très efficace d’éviter la survenue de certaines maladies infectieuses. Depuis son introduction, elle a ainsi permis de prévenir un nombre considérable de décès et de maladies dans le monde. Elle est cependant en butte à diverses formes de critiques et à une crise de confiance plus ou moins marquée, dans nos sociétés contemporaines. Une des principales raisons est qu’elle est victime de son succès : la conscience de la gravité et des conséquences des maladies à prévention vaccinale s’est émoussée au fil du temps avec la diminution progressive de la survenue de ces maladies, auxquelles la population générale comme les professionnels de santé sont de moins en moins exposés ; l’attention est ainsi attirée moins sur les bénéfices des vaccins que sur leurs effets secondaires réels ou allégués.
Cette perte de confiance, qui varie dans le temps et selon les régions, est favorisée en France par la multiplication de controverses publiques vaccinales, dont les plus récentes ont parfois été initiées ou alimentées par des médecins, qu’il s’agisse du vaccin contre le papillomavirus humain (PVH) destiné aux jeunes filles ou du vaccin hexavalent destiné aux nourrissons. Elle se produit dans un contexte plus général, dans les sociétés contemporaines, de perte de confiance vis-à-vis de la science et d’accroissement de l’autonomie des individus dans le domaine de la santé, autonomie encouragée par le discours de promotion de la santé.
Dans ce contexte, une notion ancienne, l’hésitation vaccinale (HV), a été remise au goût du jour depuis le début des années 2010 et fait l’objet d’une définition par l’OMS (WHO, 2018) : elle désigne le fait d’avoir, dans sa vie, refusé ou retardé au moins un vaccin ou même de s’être fait vacciner, tout en ayant des doutes sur l’intérêt et l’innocuité du vaccin. Autrement dit, il s’agit des personnes qui ne sont ni inconditionnelles de la vaccination ni qui s’y opposent de façon radicale. Ne sont en principe pas qualifiées d’hésitantes les personnes ayant omis de se vacciner par procrastination ou bien parce que les conditions d’accès au vaccin étaient particulièrement défavorables. L’hésitation vaccinale contribue, depuis plusieurs années, à ce que les couvertures vaccinales pour certains vaccins (notamment seconde dose de rougeole, méningite C,...) restent sous-optimales voire basses (infections à papilloma virus humain et grippe saisonnière...) de sorte qu’une immunité de groupe ne peut être assurée et que des épidémies se produisent à nouveau (comme pour la rougeole). Pour parer à cette situation, le ministère chargé de la santé a décidé que huit nouvelles valences[1] seraient requises pour les enfants nés à partir du premier janvier 2018, pour être admis en collectivité. En complément, il autorise, depuis septembre 2018, à titre expérimental, la vaccination contre la grippe saisonnière en officine des groupes cibles (personnes âgées et celles avec une maladie chronique), dans plusieurs régions françaises, dans le but de simplifier le parcours de vaccinal.