La loi relative à l'organisation et à la transformation du système de santé, promulguée le 24 juillet 2019, prévoit la fin du numerus clausus en médecine lors de la rentrée universitaire 2020. En conséquence, il revient aux universités de fixer le nombre de places ouvertes en 2ème année, en fonction de leurs capacités de formation et des besoins de santé du territoire à l'horizon de dix à quinze ans, "sur avis conforme de l’agence régionale de santé (ARS)", et au regard "d’objectifs nationaux pluriannuels relatifs au nombre de professionnels à former établis par l’Etat".
Dans ce cadre, le doyen de la Faculté des sciences médicales et paramédicales d’Aix Marseille Université (AMU) a souhaité disposer d’éléments d’orientation prévisionnels chiffrés pour guider sa décision. Les services de l’ORS Paca ont été sollicités pour proposer et mettre en œuvre une méthode permettant de fournir des données prospectives sur le nombre de places de 2ème année de médecine.
L’étude a été réalisée en collaboration avec l’ARS Paca. Elle repose à la fois sur une analyse de l’offre (nombre de médecins) et de la demande (besoins de santé de la population régionale).
Dans l’approche par l’offre, on mesure la densité médicale (rapport entre le nombre de médecins et la population), que l’on projette à l’horizon 2035. On part d’une hypothèse "plancher" de maintien de la densité médicale constante sur toute la période. On procède ensuite à une analyse de sensibilité en se basant sur des hypothèses de densité médicale croissante.
Dans l’approche par la demande, on considère les recours aux soins (en ville et à l’hôpital), ventilés par sexe, âge (décennal) et département des patients, observés sur les cinq dernières années (2014-2018), dont on fait une moyenne que l’on projette à l’horizon 2035. Comme pour l’approche par l’offre, on part d’une hypothèse "plancher" de constance des taux de recours sur la période, ce qui permet de déduire le nombre de médecins nécessaires en 2035. On fait ensuite une analyse de sensibilité en faisant l’hypothèse de taux de recours croissants. Une fois estimé le nombre de médecins nécessaires en 2035, on calcule les flux d’entrées (effectifs de nouveaux médecins formés en région) et de sortie (départs à la retraite) des médecins. De là, il est possible de déduire le nombre de places de 2ème année nécessaires en 2020. Ces estimations ont ensuite été complétées par la prise en compte notamment des capacités d’accueil, d’encadrement et de formation de la faculté.
Les données démographiques sont tirées des projections réalisées par l’Insee (recensement de population pour l’année 2018 et projections pour 2035 à partir du scénario central du modèle Omphale 2010). Les données de recours aux soins sont extraites du Système National des Données de Santé et du Programme de Médicalisation des Systèmes d’Information. Enfin, les informations relatives aux médecins proviendront des données du répertoire partagé des professionnels de santé (RPPS).
L’étude a commencé au dernier trimestre 2019, et s’est terminée au second trimestre 2020. Le rapport a été rédigé et les résultats ont été présentés à l’ARS, au Doyen de la Faculté des sciences médicales et paramédicales et à son équipe.
L’approche basée sur la demande de soins donne des résultats robustes, en tenant compte de l’évolution de la structure de population (vieillissement) et de la tendance croissante du recours aux soins observée ces dernières années. Elle se traduit par une augmentation modérée du numerus apertus sous l’hypothèse de taux de recours aux soins constant jusqu’en 2035, avec un effectif plancher de 425 places à 508 places sous l’hypothèse d’un accroissement annuel du taux de recours de 1%.