Dans le contexte d’une hésitation vaccinale touchant une proportion non négligeable de la population française et près de 40 % des parents d’enfants, le ministère chargé de la santé a décidé d’étendre les obligations vaccinales dans la petite enfance à 11 maladies infectieuses à prévention vaccinale. Cette mesure est entrée en vigueur à partir de janvier 2018 et vise ainsi les enfants nés à partir de cette date. Un an après l'extension des obligations vaccinales des enfants de moins de 2 ans aux 11 vaccins de routine, la couverture vaccinale a été estimée par Santé Publique France grâce aux données de remboursement des vaccins. La couverture des enfants nés en 2018 a notablement augmenté (par exemple de 6 % pour l’hépatite B et de 36 % pour la vaccination contre le méningocoque C).
Toutefois, à notre connaissance, nous ne disposons pas d’information publiée permettant d’établir, quels sont, dans le contexte des obligations vaccinales, les délais de vaccination, c’est-à-dire le temps entre l’âge auquel chaque vaccin devrait être fait et celui auquel ils sont réellement faits.
L’Observatoire régional de la santé propose ainsi d’estimer, à partir des données de remboursement du Système National des Données de Santé (SNDS), l’évolution des couvertures vaccinales pour les vaccins de la petite enfance (méningocoque C, pneumocoque et ROR) en fonction de l’âge des enfants et de vérifier la présence de retards de vaccination par rapport aux dates du calendrier vaccinal.
Les analyses ont été réalisées à partir des données de délivrance de vaccins enregistrées par la Caisse Nationale d’Assurance Maladie et accessibles à partir du SNDS. Les délais entre le moment où les enfants devraient être vaccinés (selon le calendrier officiel des vaccinations) et celui où le vaccin a été délivré ont été estimés dans trois cohortes de naissance (celles de 2015, 2017 et 2019) suivies de la naissance jusqu’à l’âge de 36 mois. La part d'enfants pour lesquels des retards de vaccination ont été observés a aussi été estimée. Enfin, des analyses ont été réalisées afin de comparer les couvertures vaccinales et les délais de vaccination entre les enfants issus de milieux défavorisés (à partir des affiliations à la Complémentaire Santé Solidaire) et ceux issus de milieux plus favorisés.
Les analyses ont été réalisées pour le vaccin ROR. Elles indiquent que les couvertures vaccinales se sont améliorées entre la cohorte de 2015 et celle de 2019, vraisemblablement du fait des obligations vaccinales. En effet, la couverture vaccinale dans la région, pour la deuxième dose du vaccin ROR chez les nourrissons de 33 mois, atteint 82,4% en 2019, contre 76,1% en 2015. Cependant, cette tendance est moins prononcée chez les enfants défavorisés chez lesquels les couvertures correspondant aux doses 1 et 2 du vaccin sont nettement plus faibles. Dans la cohorte de 2019, un retard moyen cumulé (pour la première et/ou la seconde dose de vaccin ROR) de près de 6 mois est observé, plus important chez les enfants défavorisés que chez les autres. Il est nécessaire de mieux comprendre les raisons de ces retards afin de prendre des mesures pour les réduire.
Les travaux se poursuivent pour d’autres vaccins de la petite enfance. Une publication est en préparation pour la revue Eurosurveillance pour présenter les résultats sur le vaccin ROR. Plusieurs indicateurs sur ce vaccin sont disponibles sur SIRSéPACA : couvertures vaccinales à 13 et 21 mois pour la dose 1, à 19 et 33 mois pour la dose 2, nombre de retardataires et durées moyennes de retard (en mois) pour les doses 1, 2 et 1 et/ou 2.