Risques, controverses et vaccinations

Période :

2015 - 2019

Recherche

RISCOVAC

Partenaires

Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique (EHESP) ; Institut National de Prévention et d’Education pour la Santé (INPES) ; Réseau I-Reivac (Innovative Clinical Research Network in VACcinology) ; London School of Hygiene and tropical medicine ; Médialab (Sciences Po, Paris).

Commanditaires

Agence Nationale de la Recherche (ANR) dans le cadre de l'appel à projet santé publique 2015.

Thèmes :

Vaccination / hésitation vaccinale

Soins primaires

Problématique

De nombreux experts évoquent une crise de confiance du public à l’égard de la vaccination dans les pays occidentaux. Cette crise s’est traduite par la réduction de la couverture vaccinale (CV) de certains vaccins et l’interruption de certains programmes de vaccination : ceci a eu pour effet la résurgence d’épidémies de maladies qui n’étaient plus que rarement observées. La perception du risque de contracter une infection et de sa sévérité et celle de l’efficacité et de la sécurité du vaccin jouent des rôles centraux dans l’acceptation de la vaccination. Les médecins ont une influence sur les comportements de vaccination des patients. Mais l’avènement de l’Internet a modifié l’environnement de communication autour des vaccins : les mouvements critiques vis-à-vis de la vaccination, qui font de la sécurité et l’efficacité des vaccins un de leurs thèmes centraux, y fleurissent à nouveau. Cette crise de confiance dans la vaccination prend cependant des formes éminemment hétérogènes selon les vaccins, les groupes de population et les pays. L’hésitation vaccinale est un terme de plus en plus utilisé par différents auteurs pour désigner des comportements de refus de certains vaccins, de retard volontaire de vaccination ou même de vaccination mais avec des doutes sur son utilité et ses risques. L’hésitation vaccinale touche la population générale mais aussi les médecins, mais dans les deux cas elle reste encore mal appréhendée et quantifiée, faute d’instruments et de méthode de mesure standardisés et validés. Les mécanismes de dissémination des controverses vaccinales restent également relativement peu étudiés.

Méthodologie

Elle repose sur la réalisation d’approches qualitatives et quantitatives. Les premières sont mises en œuvre notamment pour mieux comprendre les relations et interactions entre hésitation vaccinale chez les médecins et chez les patients ; les secondes reposent sur les données recueillies dans les baromètres santé réalisés par Santé Publique France et des enquêtes spécifiques réalisées auprès de diverses catégories de professionnels de santé (spécialistes hospitaliers, pédiatres de ville, infirmiers libéraux et salariés). Enfin, des données sont recueillies sur l’internet et certains réseaux sociaux.

Objectifs

Ce programme de recherche vise trois principaux objectifs :
1) se doter d’un cadre théorique, d’instruments et de méthodes de mesure pour appréhender et quantifier l’hésitation vaccinale dans la population générale française mais aussi pour en mieux comprendre les différents déterminants ;
2) faire une démarche similaire auprès de diverses catégories de professionnels de santé pouvant jouer un rôle dans la vaccination de la population ; il s’agira aussi d’investiguer les interactions entre hésitation vaccinale des patients et celle des médecins ;
3) étudier les dynamiques de diffusion des controverses vaccinales en France mais aussi dans d’autres pays, à la fois dans les médias, l’Internet, et les réseaux sociaux.

État d'avancement

Le projet a débuté fin 2015 et s’est achevé à l’automne 2019. En voici quelques résultats majeurs :
- L’hésitation vaccinale concerne tout particulièrement des personnes éduquées, qui prennent au sérieux l’injonction d’être acteur de leur propre santé, mais se méfient des autorités de santé.
- Les médecins généralistes restent les conseils privilégiés des patients, mais eux-aussi manifestent divers degrés d’hésitation vaccinale.
- Les médias sociaux n’influencent pas directement les conduites, mais ils contribuent à instiller le doute, ainsi qu’à légitimer une forme de critique vaccinale modérée et sélective.
Autres retombées : autres projets en cours sur l’hésitation vaccinale des soignants, synergies avec d’autres unités françaises /étrangères.
Nous avons publié nos résultats dans des revues scientifiques, aussi bien biomédicales et de santé publique (BMC Public Health, EuroSurveillance, Vaccine…), que de sciences humaines et sociales (Social Science and Medicine, Sociology of Health and Illness, Science and Technology Studies…). La survenue de la concertation citoyenne consacrée à la vaccination puis l’extension de l’obligation vaccinale nous ont donné l’occasion d’éclairer cette actualité à partir de nos travaux, avec des papiers dans Science et Nature Immunology (à ce jour : 21 articles dans des revues scientifiques, 32 communications orales).