Dans le cadre du projet COSINUS Mars, des modifications ont été apportées au protocole initial car l’ouverture de la Salle de Consommation à Moindre Risques (SCMR) à Marseille a été reportée à une date non connue à ce jour.
Il a donc été mis en place une étude préliminaire à l'ouverture de la SCMR ; cette nouvelle étude se nomme EPOSIM.
Les usagers de drogue de la région PACA sont ceux qui sont les plus touchés par le VIH et le VHC. Parmi eux, les personnes qui injectent des drogues (PQID) constituent le groupe le plus à risque pour ces épidémies qu’il faut prioritairement cibler dans les actions de prévention. Un nouvel outil de prévention et de Réduction des Risques (RdR) est expérimenté en France : les Salles de Consommation à Moindre Risques (SCMR) dont la ville de Marseille devrait bénéficier. Dans l’optique d’évaluer cette SCMR, une cohorte de 200 PQID suivies pendant 12 mois sera mise en place à l’annonce officielle de l’ouverture de la salle. La future étude d’évaluation de la SCMR de Marseille est une opportunité pour construire une recherche où la parole des premiers concernés, les usagers de drogues, et plus particulièrement les PQID, est prise en compte.
L’objectif principal de cette recherche est d’identifier quelles stratégies sont mises en place par les PQID pour s’injecter et quels risques ils et elles prennent, dès lors qu’il n’y a pas d’espace sécurisé pour s’injecter. Cette recherche communautaire et participative vise à construire les outils et la méthodologie de la recherche pour évaluer la future SCMR, à partir des besoins identifiés par les personnes concernées elles-mêmes.
La méthode photovoix mobilisée consiste à donner des appareils photographiques aux participant.e.s afin qu’elles et ils documentent leurs modes de vie et leurs pratiques en lien avec l’injection. Plusieurs ateliers sont organisés (N= 4) pour présenter l’objet de la recherche, la méthode, les enjeux éthiques et la formation à la technique photographique (par un photographe professionnel).
Une fois les photos développées (N=189), des entretiens semi-directifs sont réalisés avec les participant.e.s (N=10) pour connaître leurs intentions au moment de prendre la photographie et comprendre le sens que les images peuvent avoir pour elles et eux.
Les photographies sont ensuite analysées en groupe, afin de mettre en commun le travail des participant.e.s et faire émerger de nouvelles thématiques.
L’étude est terminée ; la valorisation scientifique est en cours.
Les résultats de cette étude basée sur le photovoix montrent la stigmatisation subie du fait des pratiques d’injection, rendues visibles dans l’espace public, mais également les stratégies d’entraide mises en place afin de limiter les risques. Cette étude a également montré le paradoxe avec lequel doivent négocier les PQID entre le fait de récupérer du matériel d’injection stérile et le fait de s’injecter dans la rue, dans des conditions d’insalubrité. L’utilité de la méthode Photovoix réside aussi dans sa capacité à prendre en compte les savoirs des usager.es lors de l’implémentation d’un dispositif qui leur est destiné, tel qu’une salle de consommation à moindre risque.