Ce projet fait suite à l’étude Coconel, qui avait commencé à suivre les attitudes des Français à l’égard d’un futur vaccin contre la Covid-19 dès la fin du mois de mars 2020. Entre fin mars et fin juin 2020, l’hostilité à l’égard de ce vaccin était passée de 23% à 37%. Dans un contexte d’une hésitation vaccinale forte et évolutive, comment appréhender la dynamique des attitudes des Français face à un vaccin contre la Covid-19 ?
Suivre tout au long des années 2021 et 2022 les attitudes des Français à l’égard de ce vaccin, ou plutôt des vaccins qui vont être introduits successivement, documenter les motifs de refus (spécifiques au vaccin ou à la maladie, hostilité à l’égard de la vaccination en général…), mettre en évidence les facteurs associés (sociodémographiques, socioéconomiques), en étant tout particulièrement attentif à la politisation croissante de ces attitudes (mesurée à la fois en terme d’engagement politique et de préférence partisane). Il s’agira également de resituer ces attitudes dans le cadre plus général de l’hésitation vaccinale contemporaine, particulièrement prégnante en France. Un travail similaire sera également effectué auprès des médecins généralistes de ville.
Comme pour le projet Coconel, des échantillons représentatifs de la population générale adulte seront interrogés par internet. Plusieurs enquêtes transversales successives sont prévues, sur des échantillons de 1000 à 2000 enquêtés. En complément, des analyses spécifiques seront réalisées sur des données récoltées par ailleurs dans le cadre du Panel de Médecins Généralistes de la DREES, qui a consacré une vague à la question de la vaccination contre la Covid-19. Enfin, une veille sera organisée sur les réseaux sociaux (Twitter) et sur Google, afin, en particulier, d’étudier comment s’y déploient d’éventuelles controverses autour de ce(s) vaccin(s).
Ce projet a été initié en mars 2021. Trois vagues d’enquête ont été lancées (deux en 2021, une en 2022). Les premiers résultats ont été publiés, d’autres articles sont en cours de publication ou d’écriture. Ils s’intéressent notamment aux attitudes des vaccinés à l’égard des non-vaccinés et à la question du rôle l’altruisme dans la vaccination des enfants. Les résultats en cours de publication de la vague d’octobre 2021 montrent en particulier que, parmi les adultes vaccinés ou qui déclarent qu’ils vont se faire vacciner, la majorité adhère à des opinions dépréciatives à l’égard des personnes qui refusent le vaccin (elles sont perçues comme inciviques, égoïstes et "complotistes"), et une partie adopte même des comportements d’évitement. Par ailleurs, des travaux conduits auprès d’un panel national de médecins généralistes de ville montrent qu’un quart d’entre eux ont été fortement affectés, dans les mois précédant la campagne de vaccination, par des doutes sur la sécurité des nouveaux vaccins, d’autant plus souvent qu’ils étaient moins confiants dans les autorités sanitaires. Un suivi longitudinal de ces attitudes montrait aussi leur importante volatilité. Finalement le taux de couverture vaccinale atteint 6 mois après le début de la campagne dépassait légèrement 90 %.
La phase de recueil de données est achevée, la phase de valorisation est en cours (avec la rédaction d’un ouvrage en français prévu en 2023, parallèlement aux publications en anglais déjà réalisées).