En France, en 2013, on estimait que 6220 personnes avaient découvert leur séropositivité pour le VIH. Parmi elles, 40 % ont été diagnostiquées en Ile de France (IdF) qui concentre une population importante d’hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) et de migrants de zone d’endémie du VIH. Une nouvelle approche de la prévention du VIH est nécessaire.
Les résultats positifs des essais sur la prophylaxie pré-exposition (PrEP), l’accent mis par les autorités de santé sur le dépistage du VIH chez les populations à risque (Cegidd) et les bénéfices individuels et collectifs de mise sous traitement immédiat des nouvelles personnes diagnostiquées indiquent qu’une action préventive d’envergure vis-à-vis de l’épidémie du VIH/SIDA en France est actuellement possible.
L’objectif principal du projet est d’évaluer une stratégie globale de prévention de l’infection par le VIH, comprenant un renforcement du dépistage, une offre d’accompagnement/counseling individualisée, un traitement précoce des infections VIH et un traitement pré-exposition (PrEP) des personnes séronégatives à haut risque d’infection par le VIH en Ile de France, afin de réduire le nombre de nouvelles découvertes d’infection par le VIH dans la région d’au moins 15% après 3 ans, en particulier chez les HSH.
Par ailleurs, cette étude permettra d’obtenir des informations épidémiologiques, cliniques et socio-comportementales.
PREVENIR est une étude de mise en œuvre de grande ampleur d'interventions dont l'efficacité a été validée dans des essais de phase III, proposant un traitement rapide de l’infection VIH chez les sujets infectés et évaluant l'impact et la tolérance d’une PrEP par voie orale, chez des sujets à haut risque d’infection par le VIH en Ile de France, qui inclura 3000 personnes séronégatives pour le VIH et à risque de le contracter (principalement HSH, mais aussi femmes et hommes hétérosexuels migrants, trans, utilisateurs de drogues). L’intervention consiste à proposer aux personnes volontaires (et répondant aux critères d’inclusion) un test de dépistage du VIH :
- En cas de résultat positif, les personnes seront orientées vers un centre hospitalier afin de se voir rapidement proposer l’instauration rapide d’un traitement antirétroviral ;
- En cas de résultat négatif pour le VIH, les personnes à risque de contamination par le VIH seront orientées vers un centre hospitalier pour avoir accès à une PrEP par TDF / FTC (Ténofovir disoproxil fumarate / Emtricitabine) continue ou intermittente en fonction de leur souhait.
Une visite médicale aura lieu tous les 3 mois pour évaluer la tolérance du traitement, réaliser un dépistage VIH/IST et des études socio-comportementales. En cas de séroconversion, les personnes seront mises sous traitement. Les participants bénéficieront d’un counseling individuel personnalisé à chaque visite par des accompagnateurs communautaires et un accès au traitement post-exposition.
Le critère de jugement principal pour évaluer l’impact de cette offre globale de prévention sera le nombre de découvertes d’infections par le VIH chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) en Ile-de-France, en se comparant aux données générées par Santé Publique France pour la période 2015-2016.
3 163 participants ont été inclus dans la cohorte et 1 692 sont toujours en cours de suivis. Une analyse en cours de valorisation a montré que 32,6% des participants pensent que prendre la PrEP donne aux autres une mauvaise image d’eux. Ce résultat souligne la nécessité pour les campagnes de prévention du VIH de promouvoir une image positive et responsable des utilisateurs de la PrEP. Le plaisir était un levier pour rentrer dans l’essai IPERGAY (Mabire&al. 2019). Dans PREVENIR, une analyse a permis d’établir des groupes de trajectoires : Trajectoire très haut plaisir ; Trajectoire haut plaisir ; Trajectoire moyen plaisir. Ceux avec une trajectoire moyenne déclaraient plus souvent vivre seuls, sans partenaire principal. Ils se sentent plus isolés socialement, craignent plus les effets indésirables de la PrEP et celle-ci ne détériore leur image sociale. Ceux qui ont les plus hauts niveaux de plaisir déclarent plus souvent un dernier rapport avec leur partenaire principal, et ont des rapports sexuels plus fréquents. Les Hauts et les Très Hauts percevaient plus souvent leur sexualité comme à haut risque pour le VIH. Cette analyse fera l’objet d’un article scientifique.