L'accès aux programmes d’échange de seringues et aux traitements de substitution aux opiacés est bien connu pour réduire les pratiques à risque de transmission du VIH/VHC et la séroconversion VIH chez les personnes qui consomment des drogues injectables. Cependant, dans certains contextes, cet accès est limité ou inadéquat, conduisant à de nombreuses complications liées à l’usage de drogue injectable (par exemple le VIH et l’infection par le VHC, les abcès, la cellulite et d'autres infections de la peau). Afin de réduire ces risques, une intervention éducative, fondée sur un accompagnement et une éducation aux risques liés à l’injection, personnalisée, fournie par les pairs éducateurs, infirmières ou travailleurs sociaux formés, visant à améliorer les pratiques d'injection (ANRS-AERLI), a été conçue en France. L'évaluation de ce programme a montré une réduction significative des pratiques à risque de transmission du VIH / VHC et des complications locales au site d'injection. Cependant, l'un des principaux défis soulevés par ce projet est d'atteindre les populations "difficiles à atteindre", qui n'ont pas accès aux services de prévention, ainsi que de maintenir les injecteurs de drogue dans le programme.
L'objectif principal de cette étude est d'évaluer l'impact de séances personnalisées d’accompagnement et d’éducation aux risques liés à l’injection (AERLI) et de fournir des informations sur la prévention et le traitement du VIH/VHC dans un contexte hors les murs, sur les lieux de vie (en "outreach") des injecteurs de drogues difficiles à atteindre en France.
Cette étude offrira dans un contexte hors les murs une intervention éducative à tous les injecteurs de drogues. L'intervention de base consistera à réaliser une session d’éducation aux risques liés à l’injection (AERLI), session réalisée en face-à-face avec l’observation de l’injection par un intervenant formé, tout en fournissant des informations sur les pratiques à risque de VIH/VHC et sur la prévention et les soins du VIH/VHC. Une étude de 6 mois sera menée sur un échantillon de 275 injecteurs de drogues qui se verront proposer une séance AERLI. Deux groupes seront constitués pour comparaison : les participants qui font une séance AERLI (groupe intervention) et ceux qui n’en font pas (groupe témoin). Tous les participants se verront proposer un dépistage rapide VHC. Puis, ils seront suivis pendant 6 mois et seront interrogés à l'aide de questionnaires en face-à-face à l'inclusion (M0) puis 6 mois après (M6). En outre, une étude qualitative sera effectuée en utilisant 10 entretiens semi-structurés et 4 groupes de discussion avec les acteurs de terrain et 15 entretiens semi-structurés avec les participants (5 par sous-groupe de participants : injecteurs de drogues de programmes de réduction des risques, HSH, clubbers), pour collecter des informations sur leur expérience, leur perception et les éventuelles difficultés liées à cette intervention éducative.
Les inclusions et les suivis sont clôturés.
Les résultats issus des Focus groups ont permis de comprendre les difficultés liées à la mise en œuvre de l’intervention voire de la recherche. Un article a été publié dans Harm Reduction Journal et a montré les tensions qui existent entre les acteurs de terrain et la recherche autour de la façon dont la collaboration est perçue et pratiquée dans la recherche-action. Les témoignages évoquent une participation non équitable et le manque d’intégration des pratiques et des connaissances de tous les acteurs impliqués.
Un article sur les données d’inclusion a permis d’étudier les facteurs associés aux abcès, il est en cours de soumission à la RESP.
Les analyses sur l’efficacité de l’intervention sont en cours. Elles s’intéressent à 3 outcomes : les pratiques à risque VHC, les abcès et l’accès au dépistage VHC.
Enfin, la base de données d’OUTSIDER a été fusionnée avec celle d’EUROSIDER afin d’étudier les facteurs associés aux abcès, en prenant en compte plusieurs contextes.